
Lundi 15 Juillet 2013, 18h00. Mon long weekend est terminé et je dois reprendre le train pour rentrer chez moi à 500 km de là. Je me rends donc à la gare de St Pierre des Corps 30 min avant l'heure du départ de mon TGV, puisque j'ai fait appel au service Accès Plus de la SNCF pour un accompagnement à la montée du train avec mon fauteuil roulant. Déjà, première surprise, mon train est annoncé avec 30 min de retard. Et ce n'est pas le seul, loin de là. La gare et les quais sont donc devenus noirs de monde, par plus de 30°C, je vous laisse imaginer le résultat. Bref, la conséquence est que je dois passer 1h entière à attendre dans ces conditions. Prenons le positivement, cela fait du temps en plus en amoureux avant la séparation.
Le TGV 5267 est annoncé en approche de la gare. Je suis donc fin prête devant la porte de ma voiture, la voiture 11. L'accompagnateur SNCF ouvre la porte, monte à l'intérieur de la voiture, redescend et m'annonce, un peu perplexe, qu'il y a déjà une personne en fauteuil roulant qui est installée à l'intérieur. - Ah, je croyais pourtant que l'accès à la place dédiée dans chaque voiture n'était attribuable qu'à une seule personne en fauteuil. Deuxième (mauvaise) surprise. Je monte donc dans la voiture et constate de mes yeux que l'emplacement où j'aurais du me stationner pour mon voyage de 2h15 est effectivement déjà occupé par un monsieur. - Euh ouais, donc, je me mets où là ? Une place en face est libre d'accès et de siège. Petit détail qui a son importance, cet espace est envahi de grosses valises qui n'ont rien à faire là. Après que quelqu'un ait pu les bouger, c'est donc là que je passerai mon périple. - Pas super, mais estimons nous heureux d'avoir au moins une place dans ce train. Hum, hum.
Le train démarre, je suis encore un peu perturbée de ma montée dans le train et de la précipitation qui l'a suivie. Bref, je passe à autre chose, un long voyage m'attend. Sauf que très vite, je remarque qu'il fait très chaud. Du genre, vraiment chaud. On avoisinerait les 30°C que je ne serais pas surprise. - Il me semble pourtant que je suis en première classe et que c'est censé être climatisé. Et, une autre surprise... J'entends d'ailleurs plusieurs personnes se plaindre de la chaleur autour de moi.
C'est à partir de là que les choses vont se compliquer, vraiment. Le monsieur en fauteuil à côté de moi, d'un certain âge, est accompagné par son épouse. Il lui demande pour aller aux WC. Cette dame se lève donc pour aller repérer les lieux. À savoir que les WC handicapés se trouvent juste derrière nous, une fois le sas passé. Elle revient, l'air contrarié, annoncer à son mari qu'il y a plusieurs grosses valises en travers du chemin et qu'elle ne saura pas les soulever seule. Et que surtout, la porte des WC est verrouillée et qu'il est impossible d'y accéder. Un couple en face se mêle à la conversation et demande à cette dame si elle souhaite qu'il aille demander à un contrôleur de venir pour régler le problème. Elle accepte volontiers. Pendant ce temps, qui soyons clairs a duré plus de 20 min, le monsieur commence à s'impatienter. Le contrôleur arrive enfin pour qu'on lui explique la situation...
Il va donc constater de ses yeux ce qu'on lui a dit. Il constate qu'effectivement les valises gênent le passage mais qu'il ne peut pas les bouger car il ne sait pas à qui elles appartiennent. Et qu'en plus de cela, il ne veut pas ouvrir la porte des wc, que s'ils sont fermés à clef, c'est qu'il y a une raison. Fin de discussion. Et le contrôleur s'en va en demandant à l'épouse de trouver une autre solution. - Euh, what ?! Une autre solution, c'est une blague ? Là, ça en est trop, cette fois-ci c'est moi qui me mêle à la discussion. À peine le temps de réagir que le contrôleur a déjà disparu. Je ne peux que constater la panique dans les yeux du monsieur qui attend depuis maintenant 30 min pour aller aux WC. Sa femme cherche à le rassurer comme elle peut en lui disant que ça va aller, qu'ils vont trouver une solution.
Sauf que la seule option qui lui reste, c'est de faire ses besoins dans un urinal, là, dans la voiture, devant tout le monde. Oui, vous avez bien lu. Ce monsieur ne comprenait pas pourquoi et commençait à sérieusement s'agiter, ce que je peux comprendre. - Il a quand même le droit d'aller pisser comme tout le monde, merde. Sauf que pour cela, il fallait qu'il se mette debout sans tomber (sa femme m'a expliqué qu'il tenait à peine sur ses jambes) et surtout essayer de se cacher comme il pouvait des autres voyageurs en se mettant à ma place. J'ai donc du me déplacer comme je pouvais en contournant son fauteuil avec le mien pour qu'il puisse se garer à ma place. Je suis restée près de 20 min en plein milieu de l'allée, dans le passage. C'est dans ces moments là que l'on comprend pourquoi normalement, il ne peut y avoir qu'un seul fauteuil roulant de stationné. Pour cela aussi, il fallait surtout que le train soit à l'arrêt, ce monsieur a donc du attendre encore l'équivalent de 30 min pour que le TGV s'arrête à son prochain arrêt. Pour rappel, cela fait donc 1h qu'il a exprimé à son épouse le besoin d'aller aux WC. Elle ne savait plus comment faire pour le calmer et le convaincre d'attendre encore 'quelques petites minutes' que le train s'arrête. Le train s'arrête enfin, ce monsieur est enfin libéré de son cauchemar.
Il ne savait plus où se mettre. Le pauvre, à sa place, j'aurais vraiment pété les plombs. Je suis scandalisée que la SNCF tolère de telles situations. Ce monsieur s'est retrouvé dans une condition humaine plus qu'humiliante. Sa dignité, il a pu s'asseoir dessus, c'est le moins que l'on puisse dire. Comment accepter que, sous prétexte que le personnel SNCF du TGV refuse de faire le nécessaire, ce monsieur s'est retrouvé contraint d'uriner devant tout le monde ? Que pour ce faire, il a fallu que plusieurs personnes (passagers) soient solidaires et fassent en sorte que cette situation dégradante lui soit le moins pénible possible ? Comment accepter qu'une personne en situation de handicap soit traitée de la sorte ? Peut-on raisonnablement fermer sa gueule face à tant d'injustice ? Pour information, le contrôleur n'a même pas eu le cran de se représenter dans la voiture par la suite pour contrôler nos billets ou ne serait-ce que pour s'assurer qu'une 'solution' avait pu être trouvée pour ce monsieur. Non, ce contrôleur a préféré fuir ses responsabilités et ne pas assumer sa bêtise. C'est tellement plus simple.
SNCF, à eux de nous faire préférer le train ?!
* Edit du 22 Juillet 2013 : Je tiens à vous informer que depuis la publication de mon article et ses très nombreux partages grâce à vous tous, l'information de cet incident est remontée aux oreilles de la SNCF. J'ai depuis été contactée directement par téléphone par la SNCF. Ils m'ont dit avoir pris connaissance de ce qui s'est produit dans le train et m'ont présenté des excuses pour le désagrément occasionné. Le contrôleur aura probablement à répondre de ses actes, ce qui serait la moindre des choses. Par ailleurs, le couple qui a subi ces mésaventures a lui aussi été contacté. La SNCF m'a assuré qu'ils seront dédommagés en bon voyage et qu'ils recevront une lettre d'excuse personnalisée. Pour moi, en rédigeant cet article, l'essentiel était que ce genre d'incident ne reste pas sous silence, de manière à ce que cela ne se produise plus. Jamais. Et en finalité, que les choses puissent être améliorées au sein de la SNCF. Croisons donc les doigts, maintenant.