Je cherche à travers ce blog à partager mes propres témoignages ainsi que ceux d'autres personnes étant, comme moi, en situation de handicap. Il est devenu essentiel, à cette période de ma vie, de trouver le moyen de m'exprimer sur ce sujet. Je partagerai mes joies comme mes peines ainsi que les difficultés que je peux rencontrer au quotidien, le but étant de pouvoir, à ma manière, permettre aux gens de changer leur regard sur ce qu'est de vivre avec un handicap ou une maladie...
“ Qu’est ce qu’elle a la dame, maman ? ”
Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois de la bouche d’enfants interpellant leurs parents lorsqu’ils me croisent dans la rue, les magasins ou dans les transports. La vue du fauteuil et surtout le fait que je sois assise dedans plutôt que debout les interpelle souvent. C’est normal, c’est une situation inconnue pour eux. La réponse ou la réaction quasi systématique des parents est d’avoir honte et de demander à leur enfant de se taire. Cela me désole à chaque fois, vraiment.
Entendre cette question dans la bouche d’un enfant ne me dérange pas du tout. Cela me fait même sourire. Ils sont curieux et ont cette spontanéité qu’on leur envie en vieillissant. Par contre, ce qui me dérange beaucoup plus, c’est la bêtise des adultes. Demander à son enfant de se taire (tout en le tirant par le bras pour l’éloigner, on ne sait jamais hein, au cas où ce serait contagieux...) au lieu de lui répondre est stupide. Pourquoi faire de cette question un tabou ? Pourquoi ne pas tout simplement leur expliquer les choses ?
À réagir ce cette façon, l’enfant risque de ne retenir qu’une chose : la différence est un problème. En gros, les gens qui ne sont pas comme lui, ce n’est pas bien. Moi, je dis bravo aux parents ! Alors qu’il suffirait de prendre le temps de lui expliquer les choses avec des mots simples et tout le monde serait content. Sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge à tout cela, en particulier au handicap, est justement une façon intelligente d’arrêter de mettre les gens dans des cases et de ne plus pointer du doigt les gens qui ne sont pas comme nous.
Quand je rencontre ce cas de figure, c’est moi qui dois dire aux parents de ne pas réagir comme ça. Qu’il ne faut pas avoir honte que leur enfant ait posé cette question (je crois que s’ils pouvaient disparaître sous terre dans ces moments-là, ils le feraient). Ensuite, je m’adresse à leur enfant pour lui dire que ce n’est pas grave, que je vais bien et généralement, il me pose des questions toutes mignonnes, du genre : “ tu as mal à tes jambes ? ”, “ pourquoi tu as une poussette ? “, “ pourquoi tu n’es pas debout ? ”...
Je prends le temps de répondre à chacune des questions et il repart tout content qu’on lui ait expliqué les choses et moi, je me dis (peut-être naïvement) que j’ai un peu contribué au fait qu’en grandissant, il sera plus tolérant envers son prochain et qu’il sera plus ouvert à la différence ou en tout cas que les cases dans lesquelles on aura tenté de mettre les choses pour lui seront un peu plus grandes...