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Je cherche à travers ce blog à partager mes propres témoignages ainsi que ceux d'autres personnes étant, comme moi, en situation de handicap. Il est devenu essentiel, à cette période de ma vie, de trouver le moyen de m'exprimer sur ce sujet. Je partagerai mes joies comme mes peines ainsi que les difficultés que je peux rencontrer au quotidien, le but étant de pouvoir, à ma manière, permettre aux gens de changer leur regard sur ce qu'est de vivre avec un handicap ou une maladie...

Accepter.

Accepter.

Suite à une discussion avec une amie hier au sujet de la dépendance et de ses conséquences, cela m’a fait réfléchir à la façon dont on gère les choses lorsque l’on dépend de l’aide de quelqu’un d’autre pour pas mal de choses au quotidien. J’ai pris conscience qu’elle et moi n’avons pas tout à fait la même façon de percevoir et surtout ressentir les choses. Le fait d’avoir souvent besoin d’aide peut être pesant, il y a des tas de situations où on se retrouve très vite confronté à nos propres limites. Des situations qui peuvent engendrer une grande frustration, voire un grand désarroi.

 

Je crois qu’il n’y a pas une façon unique de vivre et ressentir les mêmes contraintes, de la même manière qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise façon de gérer les choses. Je crois juste que chacun fait comme il peut. Avec ses propres armes, ses propres limites. Pour ma part, j’ai l’impression que le temps m’a appris à prendre de la distance avec ces situations qui me rappellent le fait que je suis dépendante. J’ai longtemps souffert de ne pas pouvoir faire certaines choses seule, j’ai longtemps lutté. J’ai souvent déployé une énergie folle à lutter contre tous ces moments difficiles où je me retrouvais seule face à moi-même. Face à mes limites, me rappelant qu’il y a plein de choses que je ne peux pas faire seule.

 

Mais au fil du temps, je crois que j’ai appris à me protéger. J’ai appris à ne plus me prendre en pleine gueule les choses à chaque fois que j’avais besoin de faire ou attraper quelque chose et que je ne pouvais pas. Je ne sais pas exactement à quel moment ma façon de voir – et surtout de ressentir - les choses a changé. Toujours est-il qu’aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus lutter. En fait, lutter contre quelque chose d’inévitable est peine perdue. Je crois qu’il est important de mettre son énergie dans des choses plus positives. L’histoire du verre à moitié plein, tout ça, tout ça, plutôt que l’inverse. La seule solution selon moi est d’accepter.

 

Accepter que les choses sont ainsi et qu’il faut bien faire avec. Qu’on le veuille ou non, d’ailleurs. Je ne dis pas que c’est facile tous les jours. Non, en aucun cas. Être dépendant au quotidien est vraiment difficile car cela nécessite une logistique énorme, par exemple avec les auxiliaires de vie. Cela nécessite une anticipation permanente, de toujours avoir un coup d’avance sur « après ». Toujours savoir à l’avance ce dont on aura besoin une heure après quand plus personne ne sera là pour m’aider, savoir à quelle heure je rentre ou sors de chez moi pour m’organiser. Mais une fois que cette logistique fait partie intégrante de soi, je crois qu’il est tout à fait possible de trouver un équilibre. Un équilibre parfois fragile, certes, mais équilibre quand même.

 

Il m’arrive encore de mal vivre certaines situations, c’est sur. Selon les jours, je suis plus ou moins disposée à affronter les choses. Mais je m’applique autant que possible à ne pas me focaliser dessus. J’essaie de vite passer à autre chose sinon je tourne très vite en boucle dans ma tête et je sais que cela ne m’apporte rien de bon. Alors, j’accepte. Et puis, c’est tout.

 

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S
Je voulais vous remercier pour ce blog..tres bien ecrit, tres bien decrit, realiste et touchant..<br /> Merci prenez soin de vous
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M
Merci beaucoup Sabrina, ça me touche beaucoup ! A bientôt :)
P
C'est vrai qu'on fait comme on peut parfois, mais accepter permet de se libérer de certaines difficultés. Parfois quand je suis en présence de quelqu'un et que j'ai du mal, selon comme je me sens moralement, il m'arrive d'envoyer balader ceux que j'aime en disant "mais non, j'arrive encore à faire ça quand même !!" alors que non... et le pire c'est après justement de la lutte contre moi-même et de l'énergie perdue pour rien, je finis par dire "stp, tu peux me le faire je n'arrive plus..." et souvent j'ai envie de pleurer. J'ai une rage en moi qui peut exploser à tout moment. Un problème dans ma salle de bain parce que j'ai des soucis d'espace dans le sens où depuis que j'ai perdu du côté droit, mon corps se cogne partout comme s'il n'avait plus la même notion de sa place (je ne sais pas comment expliquer). Ce qui me vaut de me cogner et de me faire encore plus mal. De faire tout tomber parce que même si j'essaie de faire en sorte que tout soit accessible chez moi selon comme j'arrive à prendre les choses, il y a des failles. Mon papa adorable m'a mis un meuble pour poser mon four, sauf qu'il était trop près et quand je lui ai demandé de le décaler un peu vers la gauche, il n'a pas compris, j'ai dû lui dire que comme je n'ouvrais plus rien avec mon bras droit, si le meuble était trop près, je risquais de me prendre le meuble à chaque fois que j'ouvrirais de ma main gauche du coup. Et ça me fait rager de l'intérieur parce que je n'accepte pas. Ce n'était pas contre l'incompréhension, mais contre mon corps. Et tant que je serai fâchée avec lui, je ne trouverai pas de sérénité, alors pour le moment je fais comme je peux pour le vivre, mais le jour où j'accepterai, je sais que j'aurai franchi une sacrée étape. J'ai dit l'autre jour que j'admirais celle que tu étais. Ta détermination, ton courage, ton combat qui inspire plus d'une personne, ben je confirme ce soir en te lisant <3 Bisous
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S
Sujet intéressant et sérieux...mais désolée...j'ai juste envie de dire la célèbre tirade "je pense qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise situation" ;).<br /> Bises.
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M
Ahah j'aime le clin d’œil au film ;) Bizoos
M
Accepter est libérateur Elodie. On ne peut pas sans cesse se battre contre quelque chose qui ne peut changer. Comme tu le dis c'est dépenser de l'énergie pour rien, de l'énergie que nous pourrions mettre dans autre chose.<br /> Quand je suis rentrée d'Irlande, complètement à plat, mes parents m'ont tendu la main. J'ai eu du mal à accepter leur aide, je voulais pouvoir me débrouiller seule. J'ai lutté et je me suis davantage perdue. Quand j'ai pris conscience que j'avais besoin d'eux pour m'en sortir, j'ai ressenti un mieux être. C'est tout simple mais terriblement compliqué parfois.<br /> <br /> Tu es sur la bonne voie ma belle. Encore merci de partager tes apprentissages qui font écho aux nôtres et font réfléchir. Je t'embrasse.
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M
Comme je comprends ce que tu racontes sur ton retour d'Irlande. Je crois qu'il est courant d'avoir ce genre de comportement borné au départ pour enfin réaliser et accepter surtout que l'on a besoin d'aide. Et que ce n'est pas grave. On ne peut pas toujours porté ces poids sur nos seules épaules... Je t'embrasse !
Z
L'humain s'adapte à tout... je suis d'accord avec toi concernant l'acceptation...<br /> Gros bisous Elodie
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M
En effet, il s'adapte à tout et heureusement :) Des bizoos !
C
Je suis bien d'accord avec toi, accepter les choses est le début de la "guérison". Et là, je parle de guérison interne. Avec mon fils, je crois que j'ai passé des mois de déni. Mais à partir du moment où j'ai accepté sa situation, je commençais à aller mieux, et surtout, lui aussi a sûrement senti mon acceptation des choses et commençait à aller mieux et à faire énormément de progrès. Chercher à lutter contre quelque chose d'évident est vain comme tu dis. Mais acceptation ne veut pas non plus dire commisération ou résignation, on a accepté et les choses étaient devenues claires, notre esprit était plus disponible à chercher les solutions, etc. Bravo pour cet article ! Gros bisous.
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M
Je crois que le déni fait partie des étapes indispensables à franchir dans ces cas-là. Et je suis tout à fait d'accord avec le fait qu'accepter ne veut en aucun cas dire se résigner. Au contraire, je crois que cela permet d'être plus fort pour affronter les épreuves et trouver des solutions, comme tu le dis ! Merci pour le partage de ton expérience, Corinne. Des bizoos
J
Je crois que la dépendance - que ce soit dans ton cas bien spécifique avec ton handicap et ta relation vis-à-vis des auxiliaires de vie, ou alors la dépendance en général - nous apprend l'humilité, qui est nécessaire pour que tout se passe bien quand on a besoin d'aide et qu'on ne peut pas s'en passer. Si notre société ne mettait pas l'ego de chacun autant en valeur, peut-être aurions-nous moins de mal à demander de l'aide, on veut résister et si dire qu'on est plus fort, qu'on n'a besoin de personne. Et je crois que la plupart du temps, on ne demande pas d'aide parce qu'on redoute que la personne à qui on s'adresse nous demande quelque chose en retour, ou alors tout simplement refuse de nous aider... Et puis accepter que l'autre puisse nous aider, c'est aussi et surtout reconnaître l'autre et lui faire confiance, parce que demander de l'aide ou tout simplement reconnaître qu'on en a besoin, c'est reconnaître sa faiblesse, son incapacité à faire quelque chose, et être vulnérable quelque part... <br /> J'ai parfois du mal à demander de l'aide comme par exemple demander mon chemin dans la rue si je suis perdue - je préfère batailler avec mon téléphone, la 4G et GoogleMaps, mais par contre je n'hésite aucunement à aider si je peux. <br /> Ta dépendance te permet de prendre du recul, tu as su accepter ce besoin que tu avais de l'autre et de son assistance. Et personne ne devrait abuser de ça pour te faire du mal, te blesser.
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M
Je crois en effet que demander de l'aide est admettre et accepter que l'on peut avoir des faiblesses. Mais tout le monde n'en est pas capable... Alors que je trouve cela plutôt sain de le faire, avec les bonnes personnes bien sur ! Merci pour le partage de ton point de vue, Julie. Bizoos