Hier, je me suis rendue sur mon ancien lieu de travail pour une réunion. C'est loin, très loin de chez moi. Pour ceux qui n'ont pas spécialement suivi mes aventures à ce sujet, vous pouvez trouver des détails ici. J'ai donc repris le train comme je l'ai fait des dizaines et des dizaines de fois pendant un an et demi. Avec à l'esprit que j'allais me farcir trois heures de trajet pour deux heures de réunion, mais soit. J'avoue que la veille déjà, je commençais à appréhender. Bizarre, vous allez me dire. C'est vrai que prendre le train, il n'y a rien de terrifiant là-dedans. Je vous l'accorde. Pourtant, refaire ce trajet m'a replongée dans le passé. Dans ces mois passés où je me suis épuisée à faire tous ces aller-retour, ne comptant pas ma fatigue.
Durant le trajet en train le matin, je me sentais vraiment bizarre. Un sentiment étrange de déjà vu, de bien trop vu d'ailleurs. Les mêmes paysages, aux mêmes moments. Je n'étais pas ravie de me trouver là près de la fenêtre, la tête pleine de toutes ces images, de tous ces souvenirs. J'ai repensé à tous ces matins et tous ces soirs où je tombais de sommeil dans le train. Morte de fatigue. J'ai repensé à cette lassitude qui s'emparait de moi à faire sans cesse ce même trajet durant de longs mois. Tout cela pour aller travailler. On peut en faire des choses quand on n'a pas le choix...
Quand je suis rentrée de cette réunion, j'étais vidée. Littéralement vidée. Pourtant je n'y suis pas allée une journée entière, comme c'était le cas auparavant. Mais je peux vous assurer que le résultat était le même. Je suis arrivée chez moi exténuée. Je crois que je fais un blocage avec ce trajet. J'ai trop tiré sur la ficelle à l'époque. J'ai ressenti ce même poids sur mes épaules, je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher de me faire la remarque suivante « Comment as-tu fait pour tenir le coup ? ». Aujourd'hui, je me sentirais profondément incapable de le refaire. En tout cas, je ne le souhaite plus. Ce corps épuisé, vidé de toute force et toute énergie, je ne veux plus vivre avec. Plus pour le boulot en tout cas.
Je disais plus haut que l'on peut en faire des choses quand on n'a pas le choix. La question des limites, tout ça, tout ça... Je suis une spécialiste dans le domaine : dépasser les limites. J'encaisse, j'encaisse. Et je m'écrabouille d'épuisement. C'est quand même terrible cette mauvaise habitude que j'ai ! Parfois, la vie nous emmène dans des endroits, nous fait prendre des décisions alors que sur le papier, ce n'est pas une bonne idée. Je reste pourtant convaincue que tout arrive pour une raison. C'est le destin. Traverser certaines épreuves, faire certains choix nous fait grandir. Tout cela fait de nous ce que nous sommes.
Alors, hier soir, je me suis surtout dit que je ne voulais plus jamais vivre cela. Faire des choses au détriment de ma santé. Comme je dis souvent, « une santé on n'en a qu'une ». Point. Et il faut en prendre soin, encore plus quand on est malade. Hier encore, j'ai ressenti beaucoup de joie et d'apaisement dans le fait de désormais travailler dans des bureaux à dix minutes de chez moi. J'apprécie pleinement cette chance. J'ai donné de ma personne, je me suis battue. Aujourd'hui, je suis même contente d'aller au bureau. De retrouver mes collègues, de faire mes blagues débiles, de papoter de banalités. Mais d'être contente d'être là. Surtout.