Je cherche à travers ce blog à partager mes propres témoignages ainsi que ceux d'autres personnes étant, comme moi, en situation de handicap. Il est devenu essentiel, à cette période de ma vie, de trouver le moyen de m'exprimer sur ce sujet. Je partagerai mes joies comme mes peines ainsi que les difficultés que je peux rencontrer au quotidien, le but étant de pouvoir, à ma manière, permettre aux gens de changer leur regard sur ce qu'est de vivre avec un handicap ou une maladie...
Je partage aujourd'hui le deuxième témoignage dans la catégorie « Raconte-moi ton histoire ». Cette fois, c'est Annabelle qui partage avec nous un morceau de son histoire en nous racontant de très jolis souvenirs avec sa maman et le choix de son métier de coeur. Un témoignage vraiment très émouvant que je vous invite à découvrir de suite ci-dessous.
♥ ♥ ♥
> Ton sourire...
Il y a des journées où vous avez envie de tout ranger, comme pour éclaircir et ré-assainir l'environnement. Ceci, histoire d'y voir un peu plus clair chez soi et sans doute aussi, l'utiliser comme un remède qui permet de mieux compartimenter les choses quand c'est le bazar dans ma tête. Étant la seule fille de la maison, et côtoyant régulièrement trois mecs qui stockent et laissent traîner tout et tout, je sais de quoi je parle !
C'était donc un de ces jours où ma frénésie de rangement réapparaissait. Un jour où je décidais de faire du tri dans mes placards. Était-ce avant l'été, ou après... Je ne m'en souviens pas précisément.
Ce que je me rappelle par contre c'est qu'après avoir trié et rangé, je suis une nouvelle fois tombée sur cette petite boîte bleue marine renfermant plusieurs bagues. Ce coffret qui contient mes souvenirs les plus précieux. Dont, une bague à laquelle il manque une petite pierre mais qui me va bien, car nous avions la même grosseur de doigt. À chaque fois que je l'essaie, me reviennent des souvenirs différents.
Ce jour là, je me remémore l'image de cette bague à ton doigt. Lorsque tu me demandais de te la mettre pour les grandes occasions. Me reviennent, ces moments où avant une sortie familiale, tu aimais choisir une jolie tenue pour être belle. Il est vrai qu'étant en période d'adolescence, j'avais du mal à comprendre. Il m'arrivait de râler très souvent et, de te dire que c'était inutile de faire autant de manière pour rien. Mais devant ton insistance, je finissais par capituler. Souvent, cela se terminait par une séance maquillage/coiffage. Ils étaient biens ces moments privilégiés et je comprends mieux aujourd'hui leur importance et ô combien ils me manquent. Je revois ce joli sourire sur tes lèvres après et, je comprends mieux l'immense nécessité de ces gestes qui t'aidaient à lutter contre cette maladie qui durant ces treize années, (de mes 3 ans à mes 16 ans), t'a rongée à petit feu. Je repense à ton corps qui au fil du temps se paralysait méchamment, une évolution lente, mauvaise, incontrôlable et dégénérative qui malgré tous les traitements dans ton cas..., s'avérait impossible à stopper. Je comprends ton désarroi quand tu étais triste à pleurer de ne plus pouvoir faire seule les choses...
Le soleil d’aujourd’hui me rappelle comme tu aimais que nous t'y installions malgré souvent la fatigue extrême qui s'en suivait. Je me remémore nos voyages en caravane sur la côte vendéenne où nous nous rendions en famille chaque été. Ce camping isolé, pour éviter les regards où nous avons passé nos merveilleuses vacances d'été, à rire, à écouter de la musique et à recevoir nos cousins.
Je me souviens aussi de nos voyages à Lourdes qui, à chaque fois, nous rendaient mal à l'aise et en colère mon frère et moi. Tu étais noyée dans la masse des autres « malades », presque comme tout le monde, plus différente c'est sûr mais dans un lieu étrange et complexe à nos yeux d'enfants. Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi tu t'y accrochais, sans doute comme à un dernier espoir... quand tout le reste semble nous laisser tomber. À quoi bon, tous ces séjours dans des hôpitaux et ces nouveaux traitements essayés en vain...
Je repose cette bague dans son écrin pour arrêter aujourd’hui les souvenirs. Me restent dans mon esprit, ton sourire, ta gaieté, nos jolis moments partagés. J'essaie d'oublier tes pleurs et ta peur de devoir un jour nous laisser... Sache que je ne sais pas où tu es partie, peut-être dans cet autre monde auquel tu croyais ? Ce monde que tu disais caché derrière les étoiles. Ma colère passée, j'ose à présent y croire...
Tu me manques, «Je t'aime Maman».
Ce témoignage aussi pour vous dire que plus jeune, j'ai toujours eu horreur des hôpitaux. L'odeur à chaque fois que j'y allais me provoquait des étourdissements et je finissais par avoir un malaise (il m'était impossible de contrôler! J'étais phobique du milieu médical). Pendant mes quinze premières années de vie active, j'ai travaillé dans le secteur textile. Et puis, à la suite d'une rencontre avec une personne porteuse de handicap, j'ai eu comme un déclic. Je me suis rendue compte que j'en avais plus qu'assez de ce milieu de futilités et d'apparences.
La vie est parfois bizarre ou plutôt bien faîte. Elle nous conduit je pense vers notre destin. Car aujourd'hui, aussi bizarre que cela puisse paraître, je travaille depuis quatre ans dans un hôpital psychiatrique où j'accompagne des personnes en situation de handicap physique et/ou psychique. J'aime mon nouveau métier d'aide, et de partage.
♥♥♥ J’apprends énormément des autres et de nos différences... ♥♥♥
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