Dans la vie, il est parfois difficile d'exprimer ses sentiments. D'oser dire en face à nos proches ce que l'on ressent pour eux. J'ai toujours eu plus de facilité à le faire par écrit, cela me permet de dépasser ma pudeur naturelle. Je vais donc profiter de cet article pour écrire à quelqu'un qui compte beaucoup pour moi mais à qui j'ai toujours eu du mal à le dire...
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Cher A. ,
Ce week-end, j’ai beaucoup réfléchi à notre relation. J’ai réalisé qu’elle a beaucoup évolué au fil des années. Quand nous étions petits, nous ne pouvions pas être dans la même pièce sans systématiquement nous chamailler. Tout le monde le savait, c’était comme ça. Après tout, ça se produit souvent à cet âge-là. Et puis, le temps est passé et nous avons grandi, découvrant que l’on pouvait être complices et même être dans la confidence de certaines bêtises qu’il fallait cacher aux parents. T’en fais pas, aujourd’hui il y a prescription.
Les contraintes de la vie et de ma maladie en particulier ont fait que j’ai dû te solliciter de nombreuses fois pour m’aider à la maison. Je crois que je ne réalisais pas à l’époque ce que cela pouvait représenter pour toi. Encore aujourd’hui, je me demande parfois si cela était pesant pour toi ou bien si cela était naturel. Je crois que tu me répondrais que c’était comme ça et qu’on n’avait pas le choix. J’ai souvent eu peur que tu m’en veuilles de t’avoir si souvent embêté avec cela.
Ensuite, toi et moi, on a quitté la maison. On a pris notre indépendance, quoi. La vie d’adultes nous tendait les bras. Forcément, cela a changé beaucoup de choses, pour toi comme pour moi. Les circonstances de la vie ont fait qu’on se voyait beaucoup moins. Je crois que l’on s’est habitués à cela. Tu avais ta vie de ton côté et moi, la mienne. Peut-être qu’inconsciemment tu as ressenti le besoin de prendre un peu de recul sur les contraintes familiales. Entre autres choses.
Toujours est-il que j’ai parfois eu la sensation de ne plus suffisamment te connaître. En tout cas, pas autant que je l’aurais souhaité. Je me demandais souvent ce qu’il se passait dans ta vie, si tu allais bien. Je sais que tu fais toujours en sorte que l’on pense que c’est le cas. C’est dans ta nature, tu es très indépendant. Tu me connais, je me pose toujours beaucoup de questions et je me suis notamment souvent demandé si cela te manquait parfois que l’on se parle ou que l’on se voie. J’avais beau douter de plein de choses, mon cœur me disait que si un jour j’avais besoin d’aide, tu répondrais présent quoi qu’il arrive.
Et puis, il y a deux ans il s’est produit quelque chose qui, à mon sens, a changé beaucoup de choses : tu es devenu papa. J’ai l’impression que c’est à ce moment-là que la notion de famille a repris tout son sens. L’arrivée de la petite E. a été l’occasion de tous nous ressouder autour d’un événement heureux. Car il en faut bien, de temps en temps. Et je pense pouvoir dire que c’est à ce moment-là que je me suis sentie plus proche de toi. Que nos échanges se sont faits plus réguliers et plus qualitatifs.
Lors de nos échanges ces derniers mois, j’ai pu comprendre certains silences ou certaines distances du passé. Je comprends et ne t’en veux pas. Je suis surtout ravie qu’il en soit autrement aujourd’hui. Beaucoup de choses ont changé dans ta vie depuis un an et je suis très heureuse pour toi car je sais que c’est mieux ainsi. Concernant notre nouvelle relation, je ne changerais rien. Je suis ravie d’avoir retrouvé mon petit frère. Ravie que l’on s’appelle et se voie bien plus souvent qu’avant. J’espère qu’il en est de même pour toi...
Ta (petite) grande sœur.
♥ ♥ ♥
Ceci est ma participation à « Un défi ou un écrit » d’Agoaye.