Cela faisait longtemps que je n’avais pas publié un article coup de gueule sur le blog, mais cette fois ça en est trop il faut que je m’exprime. Pour tout vous dire, je suis tellement excédée que je ne sais quel titre donner à ce billet. Je verrai cela à la fin.
Je plante le décor : depuis plus d’un an maintenant, je prends le train matin et soir pour aller travailler loin de chez moi. Ayant besoin d’aide pour monter dans le train avec le fauteuil roulant, la SNCF me demande de réserver une prestation d’accueil 48h avant mon trajet et de me présenter systématiquement 30 minutes avant le départ. Rien que dans cette phrase, je vois deux choses irritantes en terme de contraintes mais ce n’est que mon humble avis... Bref.
Depuis de longs mois donc, cela se passe globalement bien sauf quelques exceptions – parce que c’est bien de ces exceptions dont il va être question dans cet article. Différents agents sont chargés de ces prestations d’accueil, je vois souvent les mêmes personnes qui, au fil du temps, ont appris à me connaître (et inversement) et des habitudes se sont mises en place. Cela ne dure que quelques minutes mais rien n’empêche de faire de ces instants quelque chose d’agréable pour tout le monde. Bonjour, merci, au revoir, c’est pour moi le minimum.
Pour pouvoir avoir mon train tôt le matin et être à l’heure au travail, je me lève assez tôt. Pour ceux qui l’ignorent, je fais appel au quotidien à des auxiliaires de vie pour m’aider. Le matin tôt donc, cette personne vient m’aider. Là où certains n’ont qu’à sauter dans leur jean, dans mon cas, c’est un peu plus complexe que cela, je prends un peu de temps à me préparer, même en faisant vite. Cela représente une contrainte assez importante.
Une fois prête, je me rends seule jusqu’à la gare : environ 15 minutes en fauteuil. Même avec la meilleure volonté du monde, il est impossible pour moi d’être à la gare 30 minutes avant le départ du train si tôt le matin. J’ai donc l’habitude de me présenter environ 15 minutes avant. Les agents que j’ai le plus souvent le savent et m’attendent sur le quai, prêts à me faire monter à bord. Pas de souci, aucune remarque. Même que tout cela se fait avec sourire et bonne humeur.
Il en est tout autrement avec une ou deux personnes en particulier que je n’ai que rarement (et heureusement). Ces dites personnes me sautent à la gorge sans même un bonjour en me disant que j’arrive très tard, que je ne respecte pas les règles. Elles se risquent même à me dire que si elles le décidaient, elles pourraient ne pas me faire monter dans le train et me faire prendre le suivant 1h après. Vous vous en doutez bien, ce genre de situation me contrarie beaucoup. Pour ne pas dire autre chose.
Dans ces moments-là, je ne perds plus mon temps en explications car je sais par expérience que je perdrais mon temps et mon énergie : la personne en face ne comprendrait pas. Pourtant, certaines précisions seraient nécessaires dans bien des cas. Déjà parce que j’estime que nous demander de nous présenter 30 minutes avant le départ du train là où les autres sautent dans le trains 2 minutes avant est un peu exagéré. En sachant que je suis une habituée et que les agents me connaissent bien, j’estime que cela n’est pas nécessaire. Et puis surtout, surtout, c’est trop contraignant.
Être en situation de handicap représente énormément de contraintes, en particulier quand il est question de déplacement. Alors à cet agent qui ce matin m’a abordée sans même un bonjour en me disant (me menaçant serait plus juste) que « la prochaine fois, elle ne me fera pas monter dans le train et que je ne pourrai prendre que le suivant 1h plus tard, qu’elle m’a déjà expliqué que ne pas respecter les règles a des conséquences», tout en concluant cet échange (qui n’en était sûrement pas un pour moi) en disant à son collègue que « j’en ai rien à foutre de leurs remarques et que je suis toujours infoutue d’être à l’heure », je répondrais ceci :
Vous êtes-vous seulement déjà demandé d'où je viens et comment je me rends jusqu’à la gare chaque matin ?
Ce que cela représente pour moi comme contraintes de me présenter 30 minutes avant le départ du train ? Que ce n’est pas aussi simple que ce que vous avez l’air de penser ? Que non, je ne le fais pas exprès et que ce n’est sûrement pas de la mauvaise volonté ?
Ce que cela fait de devoir systématiquement dépendre de l’aide de quelqu’un pour plein de choses au quotidien et en particulier pour monter dans un train ?
Qu’aborder un client sans même un bonjour est un profond manque d’éducation et de considération ?
Qu’abuser de votre pouvoir en disant que vous ne me prendrez pas en charge la prochaine fois est honteux ? Avez-vous seulement conscience que je prends le train le matin pour aller travailler, comme vous ?
Avez-vous l’impression que, sous prétexte que l’on est en situation de handicap et que l’on dépend de l’aide d’une tierce personne, nous sommes prêts à tout accepter sans broncher ? Je vous réponds que non. Et que j’en ai rien à faire de passer pour la grande bouche de service à chaque fois. Parce que c’est ce que vous pensez, je le sais bien.
Ces combats au quotidien sont un vrai défi (même un principe pour moi, je déteste l’injustice et le manque de respect et considération) et sont bien souvent épuisants. Je vous mets d’ailleurs au défi de vivre ne serait-ce qu’une de mes journées pour changer votre discours et votre façon de voir les choses. À bon entendeur...