Mardi 5 Novembre, 16h00.
J'entends parler de la sortie du nouvel album de Grand Corps Malade. Je me précipite donc pour l'écouter, impatiente de découvrir ses derniers titres. Je suis une fervente admiratrice de ses mots, de sa voix et de son histoire. Me voilà donc sur son site officiel, c'est la première fois que je m'y rends, je prends donc le temps de fouiller un peu les actualités, la biographie... Et là, je me rends compte qu'il a une page Facebook. Ni une, ni deux, je clique et m'abonne directement à sa page. Je fais un peu défiler les actualités, et là que vois-je ?! Il est en dédicace mercredi à 18h dans la ville où je vis ! (Là, dans ma tête, ça fait boum boum boum). - Bon ok, réfléchis. Tu as envie d'y aller, c'est un fait. Euh... mais comment faire ? Il y aura sans doute du monde, est-ce que ça ira avec le fauteuil pour circuler ? Très vite, je laisse toutes ces interrogations de côté et décide que quoi qu'il arrive, le lendemain je serai sur place et que j'aurai le droit à MA dédicace.
Mercredi 6 Novembre, début de journée.
Je me lève, impatiente d'entamer ma journée, en me disant que dans quelques (longues) heures, je rencontrerai enfin Grand Corps Malade. Je suis au boulot et décide qu'il faut que je sois au point pour le soir, donc hop, je lance l'écoute de son dernier album « Funambule » ainsi que ces précédents albums, histoire de maitriser mon sujet pour le soir. Hum hum. La magie opère, j'adore ses titres, ses mots me touchent toujours autant. Comment ne pas craquer au son de sa voix ?
16h00.
La pression monte, je me dis que dans 2h, j'y serai. J'organise tout dans ma tête, je suis au taquet. Petit tour des derniers détails : 17h45 tu finis le boulot (bon, pour être sure,à 17h40 tu seras prête à enfiler ton manteau), là tu pars à pieds (enfin en fauteuil, quoi) jusqu'au centre ville, 18h00 tapante, tu seras sur place ! Sauf que. Sauf qu'arrivé 17h35, on me demande de boucler un plan avant de partir. Là, c'est le drame dans ma tête, je comprends très vite que mon timing idéal est en train de s'envoler (je suis désespérée). 17H55, je quitte le boulot, furax parce que je sais que même en roulant vite, je ne serai jamais à l'heure.
18h03, à la Fnac.
J'arrive enfin, trempée par la pluie torrentielle. Cela devient un détail tellement je suis impatiente. Je cherche mon chemin, demande conseil et un gentil vendeur m'accompagne jusqu'à l'entrée de la salle où il y a une barrière. Qui est fermée (hum, ça sent pas bon...). Et c'est là que j'ai cru être en plein cauchemar. Le gars de la sécu m'annonce d'un ton monocorde « Plus personne ne rentre, c'est complet. » - Euh what ? Vous rigolez ou quoi, il n'est QUE 18h05, ça commençait à 18h00 !! Autant vous dire qu'à ce moment là, je maudis ce put*** de plan que j'ai du finir avant de quitter le bureau. Je me sens liquide, j'ai attendu ce moment toute la journée (oui, comme une ado, vous pouvez le penser) et j'ai du mal à réaliser que tout ça... pour rien ! En plus, beaucoup de monde commençait à arriver et le gars de la sécu répétait inlassablement son baratin interdisant l'entrée à quiconque s'approcherait trop près de la barrière...
18h20.
J'hésite : je pars ou je reste au cas où ? Je tente une petite négociation avec le gars en lui demandant si (éventuellement, peut-être, on pourrait envisager) on pourrait rentrer un peu plus tard quand des personnes commenceront à quitter la salle. Sa réponse est rapide (et très énervante aussi) « Non, personne ne rentre, que ce soit maintenant ou plus tard. » - Ok, mec, je te posais la question au cas où. À savoir que je lui pose la question calmement. Mais qu'à côté de moi, ça s'excite vraiment et que les gens perdent patience ! Certains ont même fait 1h30 de route pour rencontrer Grand Corps Malade. Le mec s'en fout, c'est pas son problème.
18h30.
J'étais sur le point de m'en aller quand. Quand soudain un mec sort en courant de la salle, passe la barrière, me regarde, continue de courir, s'arrête, fait demi tour et m'interpelle avec un « vous voulez rentrer Mademoiselle ? » - Euh ouais carrément ! Mais votre (horrible) collègue me dit que ce n'est pas possible. Et là ce charmant monsieur me répond de ne pas bouger, qu'il revient me chercher. Là dans ma tête, c'est la folie. Je-vais-enfin-pouvoir-rentrer-dans-cette-salle !!!! Youhouuuuuuh ! Les gens à côté de moi sont défaits, ils comprennent que ce privilège m'est accordé parce que je suis en fauteuil roulant. Une dame se risque même à me dire « oh ben, il faut bien qu'il y ait un avantage parfois à être comme vous. » - Oui, merci madame. C'est charmant. Je suis bien en étant « comme moi », je vous rassure. Le mec donc, repasse devant moi en courant et ne s'arrête pas. Là, j'avoue, je suis au bord de l’évanouissement. (Oh rage, au désespoir). Ce n'est que quelques (interminables) minutes plus tard qu'il revient vers moi avec un énorme sourire « Allez-y Mademoiselle je vous emmène jusqu'à Grand Corps Malade. » Est-ce utile de préciser que j'ai longuement regardé le gars de la sécu avec un énorme sourire lui disant « T'as vu, mec, je suis rentrée quand même ! ». Bref. J'ai quand même loupé toute la première partie d'échange, mais bon.
18h40.
Je roule vers l'entrée de la salle. Me préparant mentalement « dans quelques minutes, tu vas le renconter, bordel ! » Je voulais être prête, préparer mon petit carnet pour l'autographe, sortir le téléphone pour les photos. Tout ça, tout ça. Sauf que. Sauf qu'à peine entrée dans la salle, le mec me dit direct « On y va, suivez-moi ». - Aaahhh, nan mais là ?! Déjà ?! Suis pas prête moi !! C'est donc en moins de trente secondes que je me retrouve, moi, devant lui, Grand Corps Malade, super impressionnant, assis mais super grand. Truc de fou ! Et c'est là que je me transforme (malgré moi) en guimauve. Je suis perdue. Il me regarde, je le regarde. Et finis par lui dire « Bonjour. » (Ouais, super original, bien joué!). À cet instant très précis, je ressemble à ça :
Je me retrouve donc face à une personne que j'adore, même que 2h avant j'écoutais ses chansons au bureau, et là je n'ai aucun mot qui accepte de sortir de ma bouche. Tout ce que je réussis à faire, c'est lui tendre mon petit carnet pour qu'il me signe un autographe (là, j'avoue on atteint des sommets). Il attrape donc mon carnet, me demande à qui il doit adresser la dédicace. Je réponds timidement « Élodie ». Le temps qu'il signe, cette phrase tourne en boucle dans ma tête « dis lui un truc, dis lui un truc, dis lui un truc. » Mais rien, nada. Je le regarde bêtement comme une pauvre adolescente écervelée. Il relève la tête et me demande si je veux un album et si je veux qu'il me le dédicace. Ma réponse : « Oui, s'il vous plait. » Ri-di-cu-le !! Je finis par demander à quelqu'un s'il peut me prendre en photo. Je vous raconte pas la tête que je fais. Genre « Oh la la, je suis en train de me faire prendre en photo avec Grand Corps Malade ». Vous l'imaginez bien la tête de crispée là ?
N'empêche que j'aurais eu plein de choses intelligentes à lui dire, moi. J'aurai pu lui dire que je l'admire. Que ses textes me parlent énormément, que je me reconnais en eux. J'aurais même pu lui dire que j'ai lu son livre il y a quelques mois. Que je le trouve courageux et que c'est juste impressionnant de le voir sur ses deux jambes aujourd'hui après tout ce qu'il a travesrsé. Sauf que rien de tout ça n'est sorti de ma bouche. Ah si, j'ai quand même réussi à lui dire avant de partir « Votre dernier album est vraiment très bien. » - Alors, là applaudissements m'sieurs-dames !! La-grande-classe, y'a pas à dire.
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Heureusement, je suis repartie avec ça !!
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Bref, j'ai rencontré Grand Corps Malade et j'ai presque réussi à lui parler.