Hier soir je suis rentrée du travail un peu fatiguée, l'esprit un peu lourd. Contrarié. Je n'avais de goût à rien. Lire m'était impossible tellement ma tête était pleine. Je me suis donc résignée à allumer la télé. C'était l'heure des infos, j'ai donc laissé tourner. Pour ne finalement tenir le coup que quelques minutes devant les images qui défilaient. Ça m'a suffi. N'ayant envie de rien, j'ai décidé que la seule chose raisonnable serait de me coucher tôt, afin de pouvoir enfin trouver la paix de l'esprit.
Ne plus penser, c'était tout ce dont j'avais envie. J'ai donc posé ma tête sur mon oreiller, relevé la couette sur moi. D'habitude, c'est mon moment préféré de la journée. Pouvoir m'allonger et laisser mon corps au repos le temps de quelques heures. Mais cette fois, j'ai très vite compris qu'il en serait autrement. Je n'ai pas trouvé la paix, j'ai au contraire ressenti une grande angoisse. Seule, dans le noir. Je me suis mise à penser à mes proches et là, sans prévenir, les larmes se sont mises à couler. Trempant immédiatement le tissu de mon oreiller. Je suis une grande sensible, c'est pas nouveau.
Sauf que là, ce n'est pas parce que je suis fatiguée ou ai passé une mauvaise journée (ou que sais-je encore). Cette fois, c'est parce que j'ai réalisé que j'ai peur. J'ai peur de voir mes proches disparaître du jour au lendemain et de ne pas avoir eu le temps de leur parler, de les voir. Une dernière fois. J'ai soudain pris conscience que je suis pudique. Que je ne suis pas du genre à étaler mes sentiments à la figure de tout le monde. En permanence. Non. Je suis plutôt de celles qui pensent que mes proches savent combien ils comptent pour moi. Mais, ce n'est pas suffisant.
Hier soir, allongée dans mon lit, j'ai réalisé que les événements de vendredi, cet abominable massacre sanglant m'ont foutu un gros coup au cœur. Il est clair que ces derniers jours laissent des traces. Indélébiles. Je n'ai pas réussi à en parler ce weekend, ni sur le blog, ni sur ma page Facebook. Aucun mot ne voulait se coucher sur le clavier. Comment exprimer ma grande tristesse, cette colère et cette incompréhension ? Je me dis qu'aucun mot n'est suffisant. Que rien ne pourra effacer ce qu'il s'est passé. Rien ne remplacera ces personnes qui ont perdu la vie, en étant au mauvais endroit, au mauvais moment. Rien ne soulagera leurs familles et amis qui ne les reverront jamais.
Alors, hier soir, j'ai trouvé tout cela bien trop lourd. Bien trop, tout court. Au point de soudain prendre conscience que ce n'est pas assez d'aimer mes proches en silence. Il fallait qu'ils le sachent. Là. Tout de suite. Il fallait que j'ose. J'ai donc pris mon téléphone et j'ai écrit à chacun d'entre eux. Pour leur dire que je ne le dis pas souvent mais que je les aime. Qu'ils comptent pour moi. Écrire ces simples mots sur mon écran m'a énormément bouleversé. Chacun m'a répondu, en retour. Et ces messages d'amour instantané m'ont fait beaucoup de bien. Les larmes ont cessé de couler et j'ai enfin pu me détendre un peu. En ayant à l'esprit que cette fois, ils savent. Ils savent bien combien ils comptent pour moi.
Ce matin, je suis apaisée d'avoir pris le temps de le faire. D'avoir osé dépasser ma pudeur. Alors, je vous encourage à en faire de même si, comme moi, vous avez trop souvent tendance à penser que ce n'est pas utile de dire à vos proches que vous les aimez, qu'ils le savent bien. Parce que, ces derniers jours, beaucoup trop de personnes n'ont pas eu la possibilité de dire au revoir à leurs proches et je trouve ça terriblement triste. Il faut désormais s'entourer d'amour. De solidarité, pour ne pas sombrer dans la peur. Aimez-vous. Tous. C'est bien mieux que la peur...