Je prends place face à ce clavier en étant pleine de détermination et de courage pour vous exprimer ici ce que j'ai sur le coeur et ce depuis pas mal de temps. Sans avoir voulu - ou su - le faire avant pour je ne sais finalement plus quelle raison. Sauf que ce temps là est venu. Je dois écrire, j'en ai besoin. De ces besoins qui vous occupent l'esprit jusqu'à ce que cela soit fait.
Alors, c'est parti, je vais vider mon coeur ici et sur ce support qui me plait tant parce que c'est important que je partage cela avec vous.
Aujourd'hui, il est question de personnes qui ont fait partie de ma vie - oui, je vais désormais parler d'elles au passé - parce que les dernières semaines m'ont prouvée qu'en fait leur statut 'd'ami' aurait du disparaitre de mon vocabulaire les concernant depuis bien longtemps. Ces gens là sont allés trop loin. Et je vais vous expliquer pourquoi.
Vous qui me suivez régulièrement, vous savez peut-être que je suis en situation de handicap. Et cela, je le vis plutôt bien dans l'ensemble d'habitude. Oui, j'ai appris à vivre avec - il le faut. Et puis, un jour toute cette paix intérieure pour laquelle je me bats chaque jour s'est effondrée. Et c'est bien la faute de ces personnes. Ces gens là, qui ont prétendu être mes ami(e)s depuis dix ans maintenant, m'ont attaquée et réduite à ma situation de personne handicapée touchée par une maladie. Ces gestes de leur part m'ont terriblement blessée. Je vais me servir d'exemples très précis pour que vous ayez la possibilité de tous comprendre en quoi ces mots ont été durs et nocifs envers moi. Du poison.
Le premier exemple est celui de cette fille qui m'a dit un jour de Janvier que mon 'handicap demande une gestion qui pour elle par moment est un effort, qu'elle sait que c'est difficile a lire mais que ce qui était naturel avant pour elle est devenu une contrainte qui par son état de fatigue actuel et depuis quelques mois l'oblige a faire des efforts qu'elle n'a pas envie de faire." Je ferme les putain de guillemets - comprenez bien que ce sont aux mots près les paroles qu'elle a eu. Ses mots m'ont brisée et m'ont remis en pleine figure ce à quoi elle me résume: un handicap. Merci, déjà. Je pensais être bien plus que cela pour elle depuis le temps... Mais soit. Et ensuite, je tiens à dire à cette personne que je ne peux - et ne pourrai jamais - accepter ni même tolérer qu'on parle de moi en ces termes. Il est absolument scandaleux que cette fille n'est pas eu la présence d'esprit de se dire qu'il était indélicat de me dire ces choses là. Une personne dotée d'un minimum d'intelligence aurait fermé sa bouche et préféré se taire et prendre sur elle. Car, il est bien trop facile de déverser sa haine ou son malêtre sur les autres. Et sur moi, en particulier. Ce jour là, une fois ces mots prononcés, elle a perdu son statut d'amie et de personne digne de mon intérêt. Je le dis sans même sourciller. Car, voyez-vous, depuis Janvier, il aurait été raisonnable que cette personne s'excuse de ses paroles auprès de moi et s'en explique. Cela aurait été au moins le minimum. Mais pour cela, il faut avoir un côté humain dont cette fille manque cruellement. Elle a le coeur vide. Comme une pierre. Quelle tristesse. Car aujourd'hui, ces excuses, je les attends toujours. En fait, non, aujourd'hui même je ne les attends plus. Je n'en ai plus besoin. Je vais lui laisser le soin de regretter ses mots, dans son coin. Sans moi. Et pour son information, je dirais également que la personne pour qui le handicap demande le plus de gestion, c'est bien moi et uniquement moi - n'y voyez là aucun égocentrisme de ma part. Cherchons juste à replacer les choses à leur place. Jusqu'à preuve du contraire, c'est bien moi qui suis malade et pas elle. Non, parce qu'à l'écouter, on dirait que tout ça a pris trop de place dans sa bien petite vie - j'insiste bien sur le mot petite. Et je dis haut et fort que je ne m'excuserai pas d'être ce que je suis.
Parlons du deuxième exemple. Contexte: ne s'étant pas vues depuis près de quatre mois, j'ai invité et reçu chez moi deux 'amies' pour un diner. Et une de ces filles a trouvé bon en fin de soirée de déverser son venin sur moi. Là encore, j'ai eu l'immense honneur qu'on me remette en pleine figure ma 'situation'. Je vous explique: par exemple, lors de ces soirées entre filles, il nous arrivait de nous rendre au cinéma ou au restaurant, et pour ce faire, il était pratique que l'une d'entre elles passe me chercher chez moi de manière à y aller ensemble, avec ma voiture aménagée. Et donc, cette personne a trouvé malin de me dire que pendant longtemps elle a cru que c'était un caprice de ma part d'avoir cette exigence (si, si !) J'aurais cru à l'inverse qu'il serait évident que ce n'est pas du tout mon genre de faire des caprices (là encore, ils ne me connaissent pas finalement...) et qu'il est plus simple et confortable pour eux de ne pas se remettre en question en se disant que si je leur demande cela, c'est qu'il y a bien une raison valable. Après tout, selon moi, se déplacer en fauteuil roulant fait partie de la liste de raisons valables. Mais croire qu'ils sont capables de se remettre en question est une terrible erreur de ma part. Car ils ont un tel égo qu'ils pensent avoir raison sur tout et tout connaitre sur tout le monde. Là encore, ils se trompent et ils me l'ont prouvé ces derniers jours. Et tout ceci, en appuyant bien sur le fait qu'avant, je me déplaçais seule, qu'avant je n'avais pas besoin d'aide, qu'avant ceci, qu'avant cela... Allant même jusqu'à dire qu'elle avait remarqué que ma maladie a évolué, que je suis beaucoup plus dépendante et moins autonome aujourd'hui. Oui, merci. Je lui rappelle donc, pour la forme, encore une fois, que je vis avec ma maladie tous les jours, et qu'il est inutile et surtout absolument horrifiant de me le dire - surtout avec une voix remplie de reproches et de colère. À croire que tout cela est de ma faute. Comme c'est facile et petit de sa part. Là encore, une personne dotée d'intelligence aurait su se taire. Je ne comprends définitivement pas l'intérêt réel de me balancer tout cela en pleine figure. Dans le même langage, je pourrais donc lui dire qu'avant je pensais que c'était une amie, qu'avant je la pensais censée et digne de confiance. Qu'avant même, je la trouvais digne d'intérêt. Mais ça, comme on dit, c'était avant.
Mon dernier exemple concernera le copain de cette fille qui a pris son téléphone hier midi pour déverser sur moi toute sa colère. Je ne vais pas vous résumer dans sa totalité la conversation car il y avait beaucoup de paroles inutiles et vides de sens. Je vais simplement insister sur un passage en particulier dans lequel il était question du fait qu'il ne supportait pas que mon homme puisse rire du handicap en ma présence ainsi que la leur en soirée. Il trouve indécent d'avoir de la légèreté face au handicap en faisant des blagues à ce sujet et sur ma situation en particulier. Comme si en rire, c'était l'accepter et qu'il ne faut surtout pas. Pour moi, cela est signe d'une étroitesse d'esprit. Je vais donc lui rappeler que rire du handicap et de la maladie permet, au contraire, de les rendre plus faciles au quotidien, que c'est aussi une manière pour lui, pour nous de dire et montrer aux gens que finalement ce n'est pas si important et que l'on vit très bien avec. Je ne pense pas cela insensé, bien au contraire. Je trouve même cela plutôt sain. Mais effectivement, cela demande d'avoir d'une part, de l'humour mais surtout, et avant toute chose, une large ouverture d'esprit. Ce qui n'est définitivement pas votre cas à tous les trois. Et pour conclure concernant cette personne, j'ai découvert un mail de sa part ce matin dans lequel il me soumettait une proposition d'article pour mon blog: 'Peut-on rire du handicap ?' en me disant qu'il avait trouvé des articles sur le sujet mais qu'il souhaitait que je développe ma propre vision. Je vais donc rappeler à cette personne qu'il n'a aucunement le droit de me dire quoi écrire sur mon propre blog et que me dire qu'il 'souhaite' ci ou ça n'a pas lieu d'être. Et, en passant, je lui dirai aussi que je trouve complètement indélicat de sa part de m'envoyer ça. Là encore, c'est une manière de me renvoyer ma situation en pleine figure.
Ce que je veux faire ressortir de ce récit, c'est que le handicap n'est pas un défaut. Contrairement à ce que ces trois personnes ont l'air de penser. Il est indispensable de prendre les gens comme ils sont et de ne pas chercher à les changer. Car ils ne peuvent pas changer. Et en agissant comme ils le font, ils les piétinent. C'est absolument intolérable de leur part.
Alors, je conclurai ce billet en leur disant qu'à partir de cet instant, il ne servira plus à rien qu'ils me contactent par quelque moyen que ce soit ou qu'ils cherchent à me voir car je leur dis clairement que pour moi ils n'existent plus. En ce jeudi 26 avril, je leur dis la tête haute qu'ils ne font désormais plus partie de ma vie. Que je suis et serai heureuse. Sans eux. J'irai même jusqu'à dire plus heureuse. Sans eux. Que je vais continuer mon chemin. Sans eux. Que je vais aller bien. Sans eux. Ce sont des personnes obtues avec les yeux fermés sur les gens qui ne sont pas comme eux, entendons en opposition à cela le mot différence qui semble ne pas faire partie de leur vocabulaire et encore moins de leur vie. Dommage. Les gens différents, vous voyez, moi je les trouve très intéressants et riches d'expérience.
Contrairement à ce qu'ils vont penser, je leur dirai que je ne serai pas seule sans eux, bien au contraire. Que je vais rester entourée des gens que j'aime et qui m'aiment, des gens qui m'acceptent comme je suis - sans condition. Que j'aime passer du temps avec ces ami(e)s qui ont au moins l'intelligence de ne pas me reprocher d'être ce que je suis - une personne différente, certes - mais qui vaut bien mieux qu'eux au final. Aujourd'hui, je pars la tête droite et fière. Leurs mots ne me toucheront plus. Plus jamais.
Ceci est donc un adieu.