Ce week-end, ma cousine de quatorze ans est venue passer deux jours chez moi. Rien qu’elle et moi. C’était la toute première fois que l’on faisait ça. D’habitude, on se voit deux à trois fois par an lors de repas de famille. Du coup, cette fois nous avons eu l’opportunité de passer du temps prolongé ensemble. De manière générale, je n’ai pas l’habitude de recevoir des gens à dormir chez moi ou, à l’inverse, de dormir chez les autres. Le fait de dépendre de l’aide d’auxiliaires de vie chaque jour ne facilite certainement pas les choses.
Toujours est-il que mon frère a fait une remarque à ma cousine en lui disant « c’est bien, cela te permet de voir le quotidien de ta cousine ». Venant de lui, cela m’a un peu surprise qu’il formalise cela aussi facilement. Et puis, je me suis dit que cette simple phrase était tellement criante de vérité. Je constate très souvent que les gens ont l’impression de savoir et de comprendre ce que je vis au quotidien. Bien sûr, la majorité des gens savent que je fais appel à des auxiliaires de vie. Mais savent-ils vraiment ce que cela peut représenter ? Pas vraiment, non. Ce n’est pas un constat amer, c’est une réalité.
Selon moi, il est clair que tant que l’on n’a pas touché de près la dépendance, on ne peut pas réaliser. On ne peut pas mesurer réellement de quelle manière cela impacte chaque jour. Chaque moment de la journée. À quel point, un geste même anodin pour l’un est terriblement difficile pour un autre. Par exemple, une fois arrivées au restaurant, j’ai dû demander de l’aide à ma cousine pour enlever mon manteau. On a fait du shopping et j’ai dû lui demander un coup de main pour payer en caisse et pour porter mes paquets. Ce sont des petites choses auxquelles on ne pense sans doute pas spontanément.
Je crois qu’il n’y a rien de tel que de plonger en immersion dans le quotidien d’une personne dépendante pour comprendre. Ou en tout cas, essayer. Rien de tel que de se confronter à la réalité. La vie, la vraie. Pas les idées reçues ou les certitudes. Je crois que seule cette immersion permet de réaliser que non, on ne peut pas se préparer le matin en dix minutes. Que de petites choses peuvent parfois prendre finalement beaucoup de temps et que même avec beaucoup de volonté, il ne peut en être autrement… Que beaucoup de choses nécessitent une certaine anticipation et que tout implique une organisation précise.
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Et vous, quel est votre point de vue sur cette question ?
Trouvez-vous qu’il soit facile de mesurer ce qu’est la dépendance au quotidien ?